DEPUIS DE NOMBREUSES ANNÉES, LE SERVICE NATIONAL DES RELATIONS AVEC LE JUDAÏSME (SNRJ) CONTRIBUE
À FAIRE VIVRE LES LIENS ENTRE L’ÉGLISE CATHOLIQUE ET LES JUIFS. SOUS LA RESPONSABILITÉ DU CONSEIL POUR L’UNITÉ DES CHRÉTIENS ET LES RELATIONS AVEC LE JUDAÏSME, IL A NOTAMMENT POUR MISSIONS DE FOURNIR AUX ÉVÊQUES UNE EXPERTISE SUR TOUTES LES QUESTIONS TOUCHANT LE JUDAÏSME ET ISRAËL ET D’ENTRETENIR DES RELATIONS AVEC LES DIFFÉRENTES INSTITUTIONS JUIVES AU NIVEAU NATIONAL.
LE KEREN HAYESSOD A RENCONTRÉ LE PÈRE CHRISTOPHE LE SOURT, NOUVEAU DIRECTEUR DU SNRJ ET HOMME DE
DIALOGUE.
Par Sophie Atlan et Paula Haddad


Dans quel contexte historique est né le SNRJ ?

PÈRE CHRISTOPHE LE SOURT : Ce service est né dans la mouvance du Concile Vatican II, annoncé par le Pape Jean XXIII, qui a débuté ses travaux en octobre 1962. Au décès du Pape, le Concile s’est poursuivi sous le pontificat de Paul VI, jusqu’en 1965. Plusieurs textes ont été votés par les évêques du monde entier, l’un d’eux Nostra Ætate traite des relations de l’Église Catholique avec les religions non chrétienne, l’article 4 sur les relations avec le judaïsme constitue un changement de paradigme fondamental. Il faut souligner qu’à l’annonce de la convocation du Concile, un homme, l’historien Jules Isaac, figure admirable, est venu rencontrer Jean XXIII à Rome qu’il connaissait déjà en tant que nonce apostolique à Paris. Il lui a rappelé les 10 points de la conférence de Seelisberg en 1947, à laquelle il a grandement
contribué, qui étudiait les causes de l’antijudaïsme chrétien et a beaucoup insisté pour qu’il y ait la dénonciation de l’enseignement du mépris. Cet échange a marqué le Pape qui fut tout à fait déterminé à promulguer un texte sur le lien spirituel unique avec le judaïsme. Depuis, une réflexion a été menée dans le monde entier, en France, mes prédécesseurs se sont beaucoup investis dans ce service.

Quelles sont vos missions en tant que service national ?
Nous sommes au service des Évêques de France qui nomment les délégués diocésains ; ce réseau comporte une centaine de délégués, ce sont les acteurs du dialogue. Sur place, ils portent ce souci de faire vivre les relations entre l’Église et les communautés juives, j’étais moi-même délégué pour le Mans, une communauté à laquelle je suis très attaché.
L’Eglise veille à la formation des prêtres et des catéchètes, à la qualité de la présentation du judaïsme, au soutien de groupes bibliques, aux cours d’hébreu… De magnifiques réalités existent déjà. Autre mission, entretenir les relations avec les institutions juives ; en janvier, nous avons organisé avec l’association Kecharim fondée par le Père Patrick Desbois, un webinaire sur la fraternité, avec Robert Badinter et le Grand Rabbin de France Haïm Korsia.
C’est important de se donner du temps ensemble à travers des rencontres, des pèlerinages, des voyages mémoriels, pour se connaître, réfléchir, monter des projets mais aussi pour que nos jeunes générations se sentent appelées à participer à la construction d’un monde toujours plus fraternel. Enfin, notre service a pour mission de produire des documents, un compendium a été publié sur tous les grands textes depuis Seelisberg jusqu’à celui édité à
l’occasion du 50e anniversaire de Nostra Ætate.

Le SNRJ consacre aussi une place à la découverte d’Israël…
Tout à fait, on ne peut pas comprendre les Juifs aujourd’hui si on ne mesure pas l’importance d’Israël. Nous proposons des pèlerinages à différents publics (paroissiens, diocésains, corporations…) à la découverte des racines juives du christianisme, mais aussi du judaïsme contemporain sous toutes ses formes, il ne faut pas que l’on donne le sentiment d’être des archéologues. En 30 ans, j’ai accompagné en tant que prêtre de nombreux jeunes en Israël, qui en sont revenus marqués ; je crois beaucoup à la pédagogie et surtout à la préparation de ces séjours. Nous souhaitons ainsi que tous les diocèses qui organisent des pèlerinages bénéficient d’outils fiables et bienveillants. Plus nous collaborerons avec des partenaires comme votre institution, plus nous contribuerons à faire connaître des réalités dans leur complexité.