Jeudi 15 octobre, Richard Prasquier, président du Keren Hayessod France, a reçu le prix de l’Amitié judéo-chrétienne de France 2015. Ce prix lui a été décerné par Monsieur Hubert Heilbronn, fondateur du prix annuel de l’A.J.C.F, au vu de ses nombreuses actions en faveur du développement des relations judéo-chrétiennes.

Retrouvez son discours dans son intégralité.

 

Mesdames et Messieurs,

Chers amis,Richard Prasquier

Je suis étreint par l’émotion de recevoir ce prix, à la suite de personnalités si admirables que j’ai l’impression d’être un intrus. La confiance du jury de l’Amitié judéo-chrétienne de France me servira de viatique. Je salue sa présidente, Mme Jacqueline Cuche, son directeur Bruno Charmet, son Secrétaire Général Henri Planet et le Professeur Yves Chevalier directeur de Sens, une revue magnifique, ainsi que tous ses membres de son Comité Directeur. Je salue Hubert Heilbronn, mon compagnon au Crif qui a eu la merveilleuse idée de ce prix annuel et qui m’a si amicalement présenté. Je salue les orateurs et oratrices, Stéphanie sans qui je n’aurais rien fait de ce pourquoi vous m’honorez, le père Charles d’Abu Gosh, Michaël, mon rabbin, Patrick à l’extrémité du monde comme d’habitude, qui regroupent les figures complémentaires du Crif, de la mémoire, d’Israël et du judaïsme et qui savent que le dialogue judéo-chrétien est pour moi le lieu où ces figures s’entrecroisent. Je salue Mgr Beau et toute l’équipe des Bernardins, cet endroit magnifique que je me suis un peu approprié à force d’y venir et où la mémoire du cardinal Lustiger dialogue avec celle de Bernard de Clairvaux, l’homme qui a protégé les Juifs pendant la deuxième Croisade. Je salue pour son engagement sans faille à nos côtés Mgr Jordy représentant l’église de France. En fait, j’ai tellement d’amis dans cette salle que je voudrais saluer chacun d’entre eux. Certains sont venus de loin de France, d’Espagne, de Rome ou d’Israël……

Et je salue ma famille. Il y a près de 30 ans, mon père, en smoking, est mort d’émotion devant moi à la soirée de Bar Mitsva de notre fils aîné; il y a quelques mois ma mère l’a rejoint. Ils avaient lutté pour une survie improbable et ont eu un fils unique. C’est à eux, aux parents de mon épouse et à nos enfants et treize petits-enfants que je dédie ce Prix.

 

C’était, je crois, en février 1978. Mon fils de cinq ans à la main, je visitais le Mont Sion à Jérusalem. Dans la salle du Cénacle, à l’étage, un groupe de pélerins péruviens chantaient et dansaient, spectaculaires dans leurs habits colorés. Au-rez-de-chaussée, c’était le tombeau de David où des fidèles assis chantaient des Psaumes.

– Qu’est-ce que c’est, tout ça, Papa? me dit mon fils en sortant. Je lui réponds:

– Là-haut c’étaient des chrétiens et en bas c’étaient des Juifs.

– Qu’est-ce que c’est la différence?

– Euh, les chrétiens pensent que Jésus est le fils de Dieu et les Juifs ne le pensent pas. Nous sommes Juifs.

– Qui est-ce qui a raison, Papa?

– Eh bien, les chrétiens pensent qu’ils ont raison, et les Juifs pensent que ce sont eux qui ont raison. On ne peut pas savoir…….

Alors que je mettais la main au tourniquet pour sortir de l’enclos, j’entends soudain une voix majestueuse qui me dit « Vous avez tort, et on saura bientôt ».

Je regarde et autour de nous, je ne vois personne. Un intense sentiment d’exaltation….. Il fut bref car me vint à la pensée le syndrome de Jérusalem, qui entrainait alors aux urgences psychiatriques de la ville des cohortes de Jésus, Jean le Baptiste ou autres Roi David. Et puis j’entendis de nouveau la phrase : -« Oui, vous avez tort, Monsieur, nous saurons bientôt. » Cette fois, je vis qui avait parlé: caftan et chapeau noir, longues papillotes bouclées, c’était un jeune ultra-orthodoxe, qui faisait pour moi partie du paysage de Jérusalem et dont je n’aurais jamais imaginé, c’était en 1978 et ce serait différent aujourd’hui, qu’il pût s’exprimer dans un français parfait.

Et c’est ainsi que je ne suis pas devenu prophète……..

Pourquoi cette anecdote, que mon fils, que j’ai interrogé récemment, a évidemment oubliée?

D’abord parce que cette fraction de seconde où j’ai cru accéder directement à la Parole, avec un grand P, fut un événement unique, un hapax comme on dit de ces mots qu’on ne retrouve nulle part ailleurs. Je n’ai pas la fibre mystique; je n’ai pas vécu l’un de ces éclairs intérieurs ou cette mélodie interne dont l’intensité ou l’évidence poussent l’individu à reconfigurer son parcours de vie, je n’ai jamais ressenti autour de moi cette mystérieuse présence divine que la tradition rabbinique appelle la Shekhina, que nul texte n’a jamais définie, car les Juifs ne sont pas un peuple de théologiens, qui est censée nous accompagner dans nos actions méritoires.

J’ai parfois la nostalgie de cet instant vécu à Jérusalem, sur le Mont Sion en plus, qui n’était dû qu’à une très grossière erreur d’interprétation, mais je ne veux pas me leurrer. Je suis moi-même, jusqu’à nouvel ordre, le décrypteur de sens dans mon existence. J’ai essayé d’éviter, avec soin et révérence, toute tentation de manipuler ou invoquer la transcendance à mon profit ou à celui de mes proches. Mais j’ai aussi essayé, dans les vicissitudes et les hasards de mon histoire personnelle, de me construire un espace intérieur où rassembler les événements et les savoirs pour les relier et pour agir en fonction de ce sens que j’avais construit. Peut-être y a-t-il, je l’espère au fond de moi, dans cette construction, dans cette sélection, quelque chose d’un ordre qui me dépasse. En tout cas, quelle qu’en puisse être son intime origine, cette collecte m’a énormément enrichi. J’espère que autour de moi, elle a aussi apporté quelque peu. Je pense ici avant tout à mon épouse avec laquelle nous partageons tant de passé et j’espère un peu d’avenir, mon épouse qui a mis sa vie en sens avec un jardin intérieur, et aussi extérieur d’ailleurs, apparemment bien différent du mien , mon épouse pour laquelle mon amour se teinte d’admiration et qui est le pivot indiscuté de notre famille, laquelle a dû s’adapter aux bizarres occupations et préoccupations d’un père parfois distrait ou absent.

Je pense à ceux que j’ai croisés ou avec qui j’ai plus longuement cheminé, et qui, d’origines extrêmement diverses, ont participé à mon aventure personnelle et lui ont apporté leur humanité, leur passé et leurs espérances. Les poutrelles de ma maison intérieure, ce sont les rencontres. Rares sont dans la vie d’un homme les occasions comme celle-ci où il a le droit, peut-être le devoir, de se scruter en public et d’analyser ses ressorts personnels. C’est dans les échanges qu’ils se sont construits. Ma première rencontre avec un prêtre eut lieu à l’Eglise Saint Etienne du Mont, il y a près de quarante ans. Des amis, qui sont là aujourd’hui, m’avaient demandé d’être parrain de leur fille. Le prêtre me fit lire les phrases traditionnelles du baptême et je lui signalais celles que je ne pourrais pas prononcer. « Ce n’est pas grave me dit-il, il y a la marraine »….J’ai plus tard amené la petite fille à sa confirmation qui fut donnée par un évêque dont l’histoire avait éveillé ma curiosité et à qui je n’ai évidemment pas adressé la parole ce jour-là. C’était Mgr Lustiger. L’introduction au christianisme aurait pu être pire…….

Aujourd’hui, qu’aurais-je répondu à l’un de mes petits enfants, s’il me demandait: « Qui a raison, Papi? » Probablement la même chose: « on ne sait pas ». J’aurais ainsi voulu lui apprendre à ne pas imposer sa vérité aux autres mais je pense que je l’aurais déçu à ne pas lui apporter une réponse univoque. Un petit garçon aime à porter le maillot de son équipe, et la petite fille la robe de sa princesse, les plus forts, ou la plus belle et donc dans le bon camp. Entre le « nous » qui enserre et l’indifférenciation qui dissout il faut l’ingrat apprentissage du dialogue et de ses contraintes, de la prise en compte de l’autre.

Puis-je moi-même aller plus loin que cette réponse passe-partout à une interrogation principielle, comme savent les poser les enfants de cinq ans? Je n’ai aucune qualification, et j’ai toujours dit que la Crec, la commission du Crif chargée des relations avec les chrétiens, que j’ai créée et dont mon ami Gérard Israël était le Président n’avait pas de prétention théologique.

Mais il y a l’histoire, ce bien à disposition qui peut nous aider. Fils de Dieu, le Messie? Mireille Hadas Lebel a rappelé que cette figure polyforme de la tradition juive, grand prêtre, roi oint, sauveur dans les combats du jour ou dans ceux des temps futurs, instance particulièrement prégnante depuis l’époque des Macchabées, pouvait aussi être représentée par une image para-divine telle le fils d’Homme du prophète Daniel. Et puis Dieu est aussi présent dans l’Histoire. Le spécialiste israélien de Jésus, le Professeur David Flusser, juif orthodoxe, a insisté sur la fréquence dans le judaïsme des hypostases, qualificatifs ou attributs de Dieu,qu’on réfère trop exclusivement à la tradition néo-platonicienne. Gloire, sagesse, force, on les retrouve dans les sephirot de la Kabbale, et peut-être dans le Saint Esprit. Elles évitent, mais incomplètement, les anthropomorphismes de l’incarnation. Les frontières étaient donc plus floues qu’elles n’apparaissent aujourd’hui, et il n’y a pas à s’étonner que le judéo-christianisme et l’église de Jacques aient pu évoluer plutôt paisiblement quelque temps à l’intérieur du judaïsme traditionnel.

Bien des Juifs ont suivi des Messies, notamment dans les temps troublés de l’époque de Jésus. Bar Kochba, chef de la révolte de 132 fut reconnu Messie par le plus grand sage de l’époque, rabbi Akiba. Et le dernier rabbin de Loubavitch, mort en 1994 est considéré comme une figure messianique par beaucoup de ses disciples. Or les décisionnaires ont veillé à ce que cette opinion ne génère pas de rupture à l’intérieur du judaïsme.Les comparaisons historiques ne disent rien de la divinité du Christ, et ce n’est évidemment pas leur objectif, mais elles permettent de placer cette pierre d’achoppement entre les représentations juive et chrétienne dans une contextualisation plus large qui aide à désamorcer son potentiel conflictuel sans dériver vers le syncrétisme.

Comment suis-je venu au dialogue judéo-chrétien ?

Peut-être devrais-je commencer à me demander comment je suis venu au judaïsme? Car cela n’avait rien d’évident pour un enfant né en Pologne en 1945.

La religion, la Shoah, Israël?

J’ai toujours su que j’étais juif, mais ce fut bizarrement à cause de la langue, et, en plus, pas de la bonne. Pour le yiddish, j’ai une affection profonde, pour son humour, ses intonations et sa sagesse de vie . C’est la langue principale des victimes de la Shoah, la langue des victimes depuis les massacres des cosaques de Khmielnicki en 1648 jusqu’au pogrome de Kielce en 1946, la langue de ceux qui ont accosté à Ellis Island ou à Jaffa. Le yiddish était la langue maternelle de mes grands-parents, mais ce n’était plus celle de mes parents, et leur maitrise du polonais les a aidés à se fondre dans la population pendant la guerre.

Enfant, je pensais qu’était Juif toute personne qui parlait polonais, la langue de mes parents et de leurs amis, tous venus en France après la Libération… De leurs conversations, je sus qu’il y avait eu des Juifs qui se cachaient du côté « aryen » et des Allemands qui essayaient de les tuer. On ne me disait pas pourquoi, et mon école n’en parlait pas. Ce ne devait donc pas être très important, et pourtant…….

Quant à l’antisémitisme polonais auquel mes parents avaient été confrontés, je ne l’ai compris que plus tard. J’ai appris comme la part de l’Eglise y était grande, associée après guerre, dans un attelage improbable, à celle d’un parti communiste qui caressait les haines anciennes en les qualifiant d’antisionistes. Retourné en Pologne, j’y ai eu de gros accès de colère. Puis j’ai vu les évolutions positives. Les représentations collectives changent lentement et une anthropologue vient de montrer que beaucoup continuent, dans la Pologne d’aujourd’hu,i de croire dans le meurtre rituel. Mais des progrès considérables sont là; malheureusement les Juifs n’y sont presque plus.

De fait, j’avais toujours gardé un sentiment spécial pour le pays du footballeur Kopa, de Chopin, de Sienkiewicz, du général Dombrowski et de Solidarnosc. Et puis, il y eut cette élection d’un Pape polonais: mon père était inquiet, j’étais confiant. C’est moi qui ai eu raison.

L’admiration pour Jean Paul II fut, je crois, la cause première de mon engagement dans le dialogue judéo-chrétien, bien avant que je ne le rencontre, le 11 juin 1999 à son 7e voyage apostolique en Pologne. Il était alors venu à l’Umschlagplatz, au ghetto de Varsovie, là où 300 000 Juifs avaient attendu avant d’être conduits dans le train pour Treblinka où ils seraient immédiatement gazés. Le contraste était saisissant alors entre son extrême fragilité physique et la mission surhumaine qu’il s’était assignée. Comment imaginer que l’an prochain ce grand malade irait à Jérusalem? Il pria pour les victimes de la Shoah, ses frères aînés dans la foi, dans le Mémorial recouvert des 400 prénoms les plus fréquents des Juifs polonais. Près de moi, ma mère qui avait connu ces lieux dans les temps tragiques, était dans un rêve. Dans le public, un prêtre calotte noire sur la tête, manifestement non répertoriée dans les règlements ecclésiastiques; c’était Romuald Weksler-Waszkinel, le prêtre juif, aujourd’hui à Jérusalem, dont l’histoire déchirante résume à elle seule les drames des Juifs polonais.

Que ce serait-il passé si le polonais n’avait pas été ma langue maternelle? La distance entre le yiddish et l’Eglise catholique était immense: le clivage linguistique était d’ailleurs assumé par les Bundistes, les juifs orthodoxes et même par beaucoup de socialistes: aucun de ces groupes, pour des raisons différentes, n’était attiré par l’Eglise. Leurs fils ont peut-être été moins émus que moi en apprenant que le cardinal Wojtyla était devenu Pape.

La Shoah, ce crime pour lequel il n’y avait dans ma jeunesse pas de nom, pas de mention dans les livres d’histoire, m’a toujours habité par ses vides. La Pologne, en dehors de sa langue, dans ma jeunesse, c’était nulle part, comme Jarry l’avait écrit, passé oblitéré, mémoire instrumentalisée, géographie détruite, avenir fermé, échanges impossibles et donc une histoire inutile. Mais après avoir été nommé Président du Comité français pour Yad Vashem, j’ai dû me former. Dans le séminaire que nous avions organisé à Jérusalem, il n’y avait pas que des Juifs: j’ai fait connaissance avec Patrick Desbois, Danielle Guerrier et d’autres: c’est donc avec des chrétiens que je me suis pour la première fois confronté à la Shoah. Ce fut une chance immense que d’avoir ainsi évité l’entre-soi. C’est ensemble que nous avons pu réfléchir sur la leçon universelle d’Auschwitz, qui n’est pas une mémoire pour les Juifs mais une question pour l’humanité: qu’aurais-tu fait personnellement? Si je n’avais eu en ces chrétiens une confiance totale, j’aurais redouté que cette universalisation ne fût une tentative pour déjudaïser la Shoah: les communistes polonais nous en avaient donné l’exemple et le pénible conflit du Carmel d’Auschwitz n’était pas encore totalement résolu. Ensemble, beyahad en hébreu, in unum en latin, c’est le nom de l’organisation que le cardinal Lustiger a créée et que Patrick Desbois a développée avec une palette de qualités rarement regroupée chez un seul homme. Je suis son vice-président peu actif et très admiratif.

Même si personne ne peut dire ce qu’il aurait fait dans la tourmente, Patrick, à n’en pas douter, est de la trempe de ces hommes et femmes de religion si nombreux dans le sauvetage des Juifs de France. Ils étaient catholiques, protestants – et qui peut oublier l’engagement massif de ces derniers, dont le Chambon, village de Justes n’est que l’exemple le plus célèbre – ou même orthodoxes. Des particuliers, des pasteurs, des prêtres, des couvents, des diocèses, des organisations: l’Amitié chrétienne, la Cimade, Notre Dame de Sion et un seul nom, car j’en ai trop en tête, celui du capucin Marie Benoit, qui a sauvé plusieurs milliers de Juifs à Marseille, à Nice et à Rome….

Parmi les chrétiens que j’ai rencontrés autour d’Auschwitz et de son Conseil International, il y a avait Stefan Wilkanowicz, un intellectuel polonais de Cracovie, ami du Pape, grâce auquel j’ai acquis et transféré au Musée d’Auschwitz le terrain de la première chambre à gaz de Birkenau, la petite maison rouge, où en parallèle avec une autre maisonnette, la maison blanche, pendant 13 mois jusqu’en mars 1943 les Juifs avaient été exterminés.

C’est ce lieu de mémoire que nous avons inauguré en avril 2005, en présence du cardinal Lustiger, là où sa mère avait probablement été gazée: le silence impressionnant de sa méditation valait toutes les paroles. Puis à quelques kilomètres de là nous avons rendu un hommage à Jean Paul II qui venait de mourir. Car Wadowice, la ville de la famille Wojtyla, comme Bendzin, la ville de la famille Lustiger, sont tout proches d’Auschwitz.

Pour moi, cette proximité fait signe.

Mais c’est peut-être un autre signe que deux de nos enfants, Béatrice et Raphaël, aient rencontré leurs conjoints lors de voyages à Auschwitz. Ils nous ont donné trois petits-enfants qui vivront dans un monde très différent du nôtre. Comment sera-t-il au point de vue spirituel? Quelle signification donnera-t-il à la Shoah et de façon générale quelle place la science laissera-t-elle à la responsabilité humaine? Une notion de repentance, je pense évidemment à la magnifique déclaration des Evêques dite de Drancy en 1997, et j’en profite pour saluer le père Dujardin, aurait-elle un sens dans un monde qui aurait évacué le mystère et n’aurait plus besoin d’histoire?

Je n’ai pas été élevé dans le respect des pratiques religieuses. C’est moi qui ai demandé à me faire circoncire pour effectuer ma Bar Mitsva: mon père en avait peur, car cela avait failli lui coûter la vie à Varsovie, lorsqu’il fut arrêté par la police allemande.Les parents avaient perdu trop de monde, ils avaient dû survivre en milieu hostile .Et puis, où Dieu s’était-il caché pendant ces années d’horreurs? Lorsque ma grand-mère épousa à Paris un Rabbin ultra-orthodoxe, il fut donc prié de ne pas m’instruire. Il a respecté cette demande et mes ignorances sont grandes,mais j’ai pu admirer sa pratique rigoureuse, sa bienveillance, son intelligence de la vie, ses talents d’arbitre et son éloquence exceptionnelle. Si un Pape a joué un rôle dans mon lien avec la chrétienté, un grand Rabbin m’a initié au judaïsme: l’honneur est sauf.

Mon père ne pratiquait pas les 613 Mitzvot -les commandements religieux- réglementaires, mais il suivait sans la connaitre la 614e énoncée par l’Américain Emile Fackenheim: Tu ne donneras pas de victoire posthume à Hitler. Autrement dit, tu n’affaibliras pas ce qui reste du peuple juif.

C’est pourquoi,il n’aurait jamais accepté que je me marie au dehors. Et il n’aurait pas accepté une conversion. Ces questions ne se sont d’ailleurs pas posées.

Beaucoup de survivants se sont pensés comme un « reste » du peuple juif. De là, leurs réticences à amorcer un dialogue avec les chrétiens: il fallait avant tout se préserver.

Pour les Juifs religieux, il faut tenir compte en plus d’une l’asymétrie fondamentale : les Juifs étaient satisfaits que les chrétiens reconnaissent que Jésus avait vécu dans un milieu juif et que les apôtres étaient tous Juifs – et pas seulement Judas.

Ils étaient heureux que les chrétiens mettent une sourdine à leur antijudaïsme bimillénaire. Mais en quoi cela impactait-il leur propre praxis? En rien. Ce qui explique le refus poli du Rabbin Soloveitchik de New York, maître de l’orthodoxie moderne, d’être invité en observateur à Vatican II.

Entamer le dialogue avec l’orthodoxie américaine, avec l’aide du rabbin Israël Singer, comme l’a fait le cardinal Lustiger, suivi par le cardinal Vingt Trois, était une initiative originale mais indispensable. J’ai assisté au premier de ces voyages et j’ai vu, effaré, l’entrée des évêques et cardinaux en grande tenue dans le brouhaha de l’immense salle d’étude de la Yeshiva University, où, assis les uns en face des autres, séparés de leurs voisins par des piles énormes de livres, les étudiants présentaient à leur compagnon, comme cela se fait depuis que le Talmud existe, leur analyse d’une péricope commune et recevaient en retour ses commentaires critiques.

Il ne s’agit évidemment pas de rechercher dans ce dialogue-là des propositions syncrétiques qui n’auraient aucune chance d’être suivies, et la structure polycentrique du judaïsme rend difficile le processus même de modification chez les gardiens de l’orthodoxie. Mais les lignes ont bougé, la curiosité respectueuse, là où il y avait des deux côtés une indifférence méprisante, est le ferment le plus efficace de transformation des mentalités. Il ne faut pas chercher de réponses, mais poser ensemble les bonnes questions.

Et peut-être aussi accepter que ce qui parait immuable a une histoire, et que cette histoire, quelque rôle qu’on donne à la transcendance, a été conduite par des hommes en réponse à des situations humaines, à des dangers, à des passions et à des stratégies historiques. Le dialogue judéo-chrétien est un contre-exemple fort à un littéralisme qui prétend revenir à l’instant zéro de la révélation et le transporter à nous dans le temps et l’espace, justement parce que ce dialogue nous permet de replacer dans leur contexte les iinéaments de nos représentations actuelles. Il existe un littéralisme quiétiste et inoffensif, mais on voit avec horreur aujourd’hui ce qui peut survenir lorsque le littéralisme, enfermant Dieu dans l’idée qu’il s’en fait, veut l’imposer coûte que coûte au reste du monde.

Le monde change, les conduites s’adaptent, les continents dérivent. Nous ne nous baignons jamais dans la même eau, a écrit Héraclite. Mais c’est en nous une tendance forte que de chercher la stabilité qui permet de présenter les comportements « sub specie aeternatis »: «Je hais le mouvement qui déplace les lignes» a écrit Baudelaire.

S’il est un domaine où l’histoire pousse les Juifs à la méfiance, c’est celui des conversions. La mémoire collective a gardé le souvenir de Nicolas Donin dans le brûlement du Talmud à Paris, de Pablo Cristani dans la disputation de Barcelone, et Poliakov a rappelé l’histoire stupéfiante du brillant évêque de Burgos, Pablo de Santa Maria, alias Salomon Halevy, rabbin de la même ville, devenu le fer de lance de la destruction des juiveries de Castille.

C’est à cette histoire lourde que pensait le grand rabbin Israel Lau, survivant de la Shoah, quand il avait outrageusement accusé le cardinal Lustiger de contribuer à la destruction spirituelle du judaïsme et de compléter le travail des nazis . Car si le souvenir des convertis est lourd c’est parce qu’ils ont souvent été des convertisseurs acharnés. Ce ne fut évidemment jamais le cas de Jean Marie Lustiger et cette constatation a rendu caducs les anathèmes. Une fois ces préventions levées, il s’agit de la liberté d’un homme dans son cheminement spirituel.

J’ai vu à New York le cardinal accorder au Rabbin Lau l’accolade de la réconciliation.L’animosité disparue, il restait chez ce dernier un plus légitime regret: «Quel rabbin extraordinaire il aurait été! » m’a t-il-dit en déclinant mon invitation pour l’inauguration du Mémorial en l’honneur du cardinal Lustiger.

Le village musulman d’Abu Gosh est en Israël le symbole d’une coexistence pacifique et parfois fraternelle entre les diverses religions. Le merveilleux monastère, possession française, est un havre de paix de paix où les oreilles les plus endurcies peuvent écouter souffler l’esprit, parfois scandé par le son du muezzin. Son inauguration fut pour ceux qui y ont assisté un souvenir intense. Non seulement le cardinal Lustiger aimait cet endroit, mais il avait dans le passé eu des liens forts avec la communauté d’origine des moines, celle du Bec Hellouin. Cela aussi faisait sens. Je suis infiniment reconnaissant à tous ceux et celles qui ont contribué à ce que ce projet aboutisse…..

Dans ma construction identitaire personnelle, Israël joue un rôle majeur. Tout y conduit logiquement: la tradition religieuse du judaïsme, la saignée humaine irrémédiable de la Shoah, l’indifférence des Etats, quand la Conférence Internationale d’Evian avait en 1938 enfermé les juifs dans le piège européen, l’antisémitisme dont la Pologne fut un tragique exemple. Israël est pour moi source d’admiration pour ses réalisations en matière intellectuelle, scientifique artistique dans le maintien d’une stricte exigence démocratique. Je ne cherche pas ici à convaincre, mais à expliquer, je me dois de préciser d’où je parle.

C’est en mai 1967 que j’ai pris conscience de la force de ce lien, alors que les observateurs de l’ONU pliaient bagage sur les injonctions de Nasser, que le détroit de Tiran était bloqué, que les cris de mort résonnaient, que les chancelleries préparaient leurs futurs regrets nécrologiques et que Abba Eban fustigeait à l’ONU avec une éloquence désespérée l’inaction des Etats vingt cinq ans après Auschwitz.

Le célèbre paragraphe 4 de Nostra Aetate n’employait pas le mot Israël pour ne pas gêner les chrétiens d’Orient. Un an avant la déclaration, en janvier 1964, Paul VI avait pendant quelques heures visité Meggido en Israël, rencontré son président, et s’était abstenu de prononcer le nom qui fâchait. Mais ce fut un début. Il a fallu la Déclaration des évêques de France de 1973 pour relever ce défi. Honneur au père Bernard Dupuy et aux évêques qui ont eu le courage de publier ce texte précurseur . La suite est histoire, avec la reconnaissance de l’Etat d’Israël par le Vatican, et la visite de Jean Paul II et celles de ses successeurs. De même, la communion d’Eglises protestantes d’Europe, ancienne conférence de Leuenberg, a proclamé il y a quelques années son soutien à l’existence d’un Etat d’Israël.

Nous avions organisé avec le Crif en Israël même un colloque sur le dialogue judéo-chrétien où le thème de la terre a pu être traité sans tabous.Je reviendrai plus tard sur les atteintes à l’image d’Israël, et leurs conséquences mais je voudrais ici exprimer ma honte des actes antichrétiens – ou antimusulmans- provenant de certaines franges très minoritaires du nationalisme religieux israélien. Les vandalisations d’églises, les slogans sur le « prix à payer », les attaques physiques dont certaines furent horribles, confirment qu’aucune religion n’a le triste monopole d’une dérive possible de certains de ses membres dans une culture de haine.

Je pense à mon ami et prédécesseur pour ce prix de l’AJCF: Emile Shoufani, le curé arabe de Nazareth. Il connut les drames et les haines. Que sa vie, dévouée à l’éducation, à la mémoire et au dialogue, sans fadeur et sans acrimonie, soit un exemple pour nous.

Quel est au fond notre travail commun?

Réparer le monde, explorer nos racines, lutter contre la haine

Le grand Rabbin de France, à propos des migrants, a rappelé le Tikoun Olam, la réparation du monde, c’est-à-dire le devoir d’humanité: oui, nous devons être au premier rang de l’accueil, quelles que soient par ailleurs des inquiétudes justifiées. Notre société court, dit-il, le risque d’implosion. Je dirais qu’elle court aussi le risque de tribalisation, d’un entre-soi qui nous fermerait à qui ne fait pas partie de notre groupe. Une action commune judéo-chrétienne fait sens, car les injonctions dont nous sommes le plus fiers, celle qui fondent notre patrimoine éthique, sont des injonctions universelles.

Il nous faut explorer nos racines, par exemple nous instruire sur les premiers siècles du christianisme, quand la structuration en camps opposés par des -ismes, par des calendriers différents (le moyen le plus efficace pour perpétuer les conflits) n’avait pas encore durci les oppositions entre juifs et chrétiens. Le père Marc Rastoin commentant la traduction par sa mère du livre de Daniel Boyarin, écrit ces belles phrases: « On peut désormais penser la première christologie chrétienne comme essentiellement compatible avec certaines interprétations de certains Juifs. Une guerre des Écritures où chacun prétend que l’autre lit mal ou a tordu le sens peut s’achever. Un dialogue peut commencer, où chacun est assez sûr de sa propre lecture et assez curieux de celle de l’autre pour poser des questions et cheminer vers la paix. Car finalement Dieu n’est pas celui qui donne des réponses mais qui pose des questions, et nous sommes appelés à être à l’image de Dieu… »

Connaitre nos traditions, sentir que nous prions le même Dieu. Je pense à ce merveilleux Shabbat à Neuilly, partagé avec des orthodoxes .

Lutter contre l’antisémitisme chrétien, c’est notre mission historique car nous sommes les disciples de Jules Isaac. Le monde a changé. L’antisémitisme qui, il y a une génération, semblait destiné à disparaitre, en dehors des histrionnades vociférantes d’un ex-président d’un parti d’extrême droite, a repris une actualité inquiétante. Nous devons nous demander si et comment le dialogue judéo-chrétien peut aider à lutter contre cette nouvelle vague étant entendu que ce n’est évidemment pas le christianisme qui la véhicule.

On a pris la mauvaise habitude d’accoler systématiquement à antisémitisme le mot nouveau de islamophobie: associer les deux termes est le moyen le plus sûr de ne comprendre ni l’antisémitisme, ni le racisme anti-musulman.

Mais il existe bien aujourd’hui une christianophobie, et les Juifs, qui n’ont heureusement rien à y voir, doivent soutenir les chrétiens. Le Pape, devant une délégation du Congrès Juif Mondial, nous disait l’an dernier : « les Juifs peuvent mieux que d’autres comprendre les drames qui frappent les chrétiens d’Orient du seul fait qu’ils sont chrétiens». Il a ajouté: « On ne s’en rend pas compte, mais une troisième guerre mondiale a probablement commencé ».

On peut résumer l’antisémitisme chrétien en trois accusations.

1° Les Juifs ont tué Jésus

2° Les Juifs ont refusé le vrai Dieu, qui les a remplacés par l’Eglise, verus Israël

3° Les Juifs cherchent à se venger

D’immenses progrès ont largement désamorcé les deux premières accusations. La troisième est de plus en plus prospère.

Le premier point, celui du déicide, a été réglé dogmatiquement par la négative dès le Concile de Trente. Elle n’est plus souvent véhiculée, mais n’est pas sortie de tous les esprits

Le deuxième point, c’est la théorie de la substitution. Sous sa forme la plus dure, le dénigrement à titre d’exemple, le Concile de Latran en instituant la rouelle avait voulu rendre visible à tous la situation humiliante des Juifs abandonnés de Dieu. La théorie de la substitution a eu du mal à disparaître : on connait un Président de l’AJCF qui en a démissionné parce tout en étant évidemment opposé à l’antisémitisme , il pensait que l’Eglise ne pouvait pas être dans le vrai, si la synagogue n’était pas dans l’erreur. La plus grande évolution de l’Eglise depuis Vatican II, confirmée par les textes de Jean Paul II et de Benoit XVI, a été de poser la confirmation envers les Juifs de la Promesse sur le SinaÏ: c’est alors seulement que le dialogue a pu s’établir sur des bases solides.

La troisième accusation est celle de la vengeance des Juifs, suppôts de Satan. Elle a d’abord été brandie sous des justifications religieuses, par exemple par des prêcheurs populaires, enflammeurs de foules: avant de partir en Croisade, on devait se débarrasser des voisins juifs, puisqu’ils avaient comme les autres comploté la prise du Saint Sépulcre par les musulmans.

Sans base scripturaire ni dogmatique, cette accusation s’appuie en revanche sur un fondement anthropologique puissant: le mécanisme du bouc émissaire. Le christianisme lui a plaqué une figure juive, qu’elle a gardée, en milieu non-chrétien, voire anti-chrétien, car les représentations mentales ont une grande inertie alors que le mécanisme du bouc émissaire est polyvalent. Le diable est alors remplacé par des conspirations de juifs malveillants, un pléonasme: l’empoisonnement des puit par la peste ou le SIDA, le complot judéo-maçonnique, la destruction de la société par les sages de Sion, par les bolcheviks juifs, par les capitalistes juifs ou par les tarés raciaux juifs. L’honnête homme doit s’en défendre préventivement et supprimer ceux qui lui veulent du mal: c’est le retournement victimaire complotiste.

Le mécanisme du bouc émissaire juif a trouvé en terre d’Islam un terrain extraordinairement fertile, d’autant qu’il explique tous les échecs et toutes les humiliations. Internet lui a offert des potentialités illimitées. Il peut y avoir une généralisation des coupables, les ennemis d‘Allah et pas seulement les Juifs. Mais il n’y a pas un seul événement grave dans le monde qu’on ne puisse pas expliquer par une conspiration juive ou israélienne -car l’israélien est l’avatar du Juif. Ainsi , le tsunami de 2004 a été provoqué par une usine sous-marine construite par les Israéliens pour créer des vagues dans le but de noyer l’île musulmane de Sumatra …..Tout peut y passer.

Que pouvons-nous donc demander à un chrétien dans ce contexte qui déborde du cadre religieux et qui frôle un conflit politique incluant Israël dans lequel il ne désire pas prendre position?

La prudence frileuse nous pousserait à écarter ce sujet de notre dialogue, car les chrétiens n’y sont pas directement impliqués et les positions sont conflictuelles. Mais c’est aujourd’hui l’éléphant dans le magasin de porcelaine. Nous avons entre nous un devoir de franchise et une exigence de vérité. Et il est possible, il est nécessaire de garder ces valeurs,sans se laisser emporter par une argumentation politique, dont le seul qualificatif de sioniste a été tellement détourné en épouvantail.

A cet ami chrétien on peut demander:

– de traquer la vérité des faits, une traque qui demande du temps mais qui est souvent possible sur Internet

– de comprendre que faire d’Israël le responsable de tous les crimes de l’islamisme est une opinion idiote ou antisémite

– de s’étonner qu’Israël soit continuellement condamné par le Conseil des Droits de l’ Homme de l’ONU alors que l’Arabie Saoudite y est honorée par une position de prestige

– de refuser les amalgames entre le génocide de la Shoah qui a assassiné 6 millions de juifs sans défense et un conflit qui, guerres et attentats, soldats et civils, israéliens et palestiniens confondus, a provoqué environ 20000 victimes, en 70 ans, à comparer aux 240000 morts en Syrie en 4 ans pour lequel on n’a pas vu d’attroupements, ni entendu d’appels au meurtre dans les rues de Paris

– de vérifier si les images disent bien ce qu’on leur fait dire et si derrière l’image d’un enfant palestinien tué on ne lui présente pas la version moderne du crime rituel

– de déceler que derrière les discours rassurants, il peut y avoir des idéologies putrides, et que derrière les discours putrides, il n’y a jamais d’idéologie rassurante.

– de se résigner au fait que nous avons parfois des ennemis parce qu’ils veulent être nos ennemis et pas seulement des ennemis qui deviendront nos amis une fois que nous leur aurons manifesté notre volonté d’amitié.

– de se rappeler enfin que les pires régimes ont eu pour les soutenir des compagnons de route émus par le combat des masses opprimées; ces hommes d’illusions ou de compromissions étaient appelés les idiots utiles.

On peut lui demander en conclusion, maintenant qu’il a cessé de diaboliser les Juifs et qu’il sait que ce sont des hommes comme les autres, de lutter contre la diabolisation d’Israël, un Etat comme un autre, pour ne pas le transformer en Juif des Nations.

Il ne s’agit pas d’adhérer à une politique, il s’agit d’ouvrir les yeux, ce qui n’est pas interdit à un homme de paix et de foi. Il s’agit de comprendre ce qu’est l’endoctrinement mental, fléau du XX e et du XXIe siècle, celui qui déchaine les passions, qui forge les mensonges et qui exploite les malheurs, les jalousies et les difficultés sociales.

Les Juifs ont appris à leurs dépens que la lucidité est une hygiène de survie.

Cette semaine, un homme de religion célèbre aux Etats Unis a déclaré que les Palestiniens, les Noirs et les Indiens étaient les trois peuples victimes de l’histoire et que Jésus était un Palestinien.Il s’agit du révérend Jeremiah Wright de Chicago, le pasteur et l’ami de 20 ans du Président Barack Obama. Son discours confirme que la vieille haine peut prendre des habits neufs mais qu’elle est loin d’être extirpée.

Il reste du travail aux chrétiens et aux Juifs de bonne volonté. Mais que cela ne nous empêche pas de voir les immenses progrès accomplis. A notre époque, un cardinal, Mgr Decourtray en l’occurence, pouvait rencontrer un groupe de Juifs en leur disant: « Soyez de bons Juifs, cela m’aidera à être un bon chrétien ». Le temps viendra, je l’espère, où nous, nous pourrons tous dire, »Soyez de bons chrétiens, cela nous aidera à être de bons Juifs….. »

Richard PRASQUIER

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