Interview de Daniel Benhaim, directeur de l’Agence Juive.
Massa est un programme mis en oeuvre en France par l’Agence juive… Comment y contribuez-vous ?
La première mission de l’Agence juive est d’essayer par son travail de terrain de sonder les besoins spécifiques de la population française. Par exemple, beaucoup de jeunes lycéens font des Prépa après le lycée. On a donc décidé de développer des programmes d’excellence, comme Massa Prépa. Autre exemple : les stages professionnels font partie désormais de tous les cursus universitaires…. Le chômage fait qu’il est difficile d’obtenir son premier job et l’âge de la retraite recule. On a créé le programme Stagérim, pour ceux qui souhaitent faire leur stage en Israël. Notre deuxième mission, c’est la diffusion des programmes Massa. Nous servons de plateforme entre les différents organismes de formation israéliens et le public français. Tous les ans en février, nous organisons un grand salon, Orient-À-Sion, où une centaine de représentants de ces programmes viennent à la rencontre des jeunes.
Quel est l’objectif de Massa ?
L’objectif premier de Massa est que chaque jeune juif dans le monde puisse vivre une expérience significative en Israël. Que ce vécu en Israël lui permette de rester attaché à son identité juive et à Israël, qu’Israël soit un élément fondamental dans son être d’adulte, dans son identité complexe. À partir du moment où il est passé par la case Israël, sa relation à la communauté juive, à Israël, au monde de la philanthropie juive ou au monde juif, au sens le plus large du terme, aura changé. Ce sont ces jeunes qui permettront de faire perdurer le lien avec Israël, car cela ne va pas de soi. D’autre part Massa peut aussi servir de tremplin à tous ces jeunes qui décident de faire leur alyah. D’ailleurs, la plupart de ceux qui passent par Massa réussissent leur alyah.
Que deviennent les participants français de Massa ?
Statistiquement parlant, les 2/3 des participants Massa entre 18 et 21 ans vont faire leur alyah et vont rester en Israël. Par contre, il n’y a qu’un tiers des 21-30 ans qui restent en Israël, car pour eux Massa fonctionne plutôt comme une expérience. Dans un monde très mobile, les frontières sont tombées. Un jeune va partir un semestre de Massa, va décider de rester en Israël, puis 5 ans plus tard, il ira vivre une expérience professionnelle ailleurs. Le monde est devenu plus fluide.
Y a-t-il un suivi des participants français qui rentrent en France ?
On commence à avoir une « communauté » d’anciens pour développer des projets post-Massa. Beaucoup d’entre eux ont l’impression d’avoir reçu un cadeau extraordinaire en faisant Massa et ils aimeraient rendre cela, notamment à travers une activité qui leur permettrait d’avoir le sentiment d’être utiles. D’ici l’été on va organiser un week-end Post-Massa avec un profil de gens de 22/25 ans qui ont vécu une expérience significative.
À quoi correspond l’engouement pour Massa ?
On ne peut pas le déconnecter de l’engouement pour l’alyah, mais il y a aussi un effet boule de neige. Le meilleur diffuseur d’un programme Massa, c’est le jeune qui a fait un programme Massa. D’autre part, les jeunes Français se posent beaucoup de questions sur leur avenir. Le départ des jeunes Juifs s’inscrit dans un mouvement plus global. Massa tire son épingle du jeu. Enfin, Massa offre la possibilité de vivre son envie de mobilité, d’exploration et de découverte avec une solution clé en main. C’est aussi rassurant pour les parents qui accompagnent le jeune de plus en plus longtemps dans sa vie d’adulte.
Quel est le coût moyen d’un programme ?
Le coût moyen du programme tourne autour de 10 000 euros pour une année. C’est un coût élevé, car les programmes ont été obligés de s’adapter, pour répondre à des normes de qualité. Le coût reste un obstacle, notamment en France où les études sont quasiment gratuites. Il y a néanmoins un système de bourses qui dépend du revenu de la famille et qui avoisine les 5000 dollars annuels en moyenne. Le Keren Hayessod en France s’est mobilisé de manière très importante autour de ce programme et une bonne partie de ces bourses est financée grâce à la générosité des donateurs du Keren Hayessod, qui ont pris conscience des enjeux de ce programme pour la jeunesse de France !
Source magazine Yessod.