Article paru dans Actualité Juive – 19/05/2016

« L’Europe, ce continent que nous aimons, est dans une mauvaise passe : l’antisémitisme, dont nous pensions tous qu’il allait disparaitre, est en pleine augmentation. Ce virus mutant s’exprime aujourd’hui dans l’opposition à l’identité collective du peuple juif et à l’existence de l’Etat d’Israël ». En mars 2016, dans un discours magistral, Michael Gove, Ministre de la Justice du Royaume Uni, a nommé « la » chose sans circonlocutions.

En ce soixante huitième anniversaire de son indépendance, l’Etat d’Israël, miracle humain, scientifique et économique, garde dans le monde non-juif des amis capables. Et il vaut mieux affronter la jalousie et la haine que de quémander la compassion et subir le mépris.

Israel, puissance militaire, c’est là la vraie cause de l’antisionisme et c’est là la meilleure garantie de sa pérennité. Je suis fier que Tsahal ait envoyé devant la justice un soldat qui a tué de sang froid un terroriste blessé. Je suis fier qu’un Prix d’Israël ait été attribué à un antisioniste notoire, David Shulman, spécialiste des langues dravidiennes. Et je suis fier qu’un général se soit inquiété, le jour de la Shoah, des pulsions racistes de certains israéliens : l’intégrité morale est une force pour une société et son armée. Elle ne dispense pas, évidemment, de rejeter tout angélisme : Israël a des adversaires qui ne désirent pas la paix mais qui désirent sa destruction : cela devrait être dit en exergue -et ne le sera pas- à l’ouverture de cette conférence « pour la paix » que la France s’obstine à tenir.

Ce qu’est la vérité de l’antisionisme, d’autres hommes politiques l’ont dit, notamment notre Premier Ministre. Mais alors que des hôpitaux sont détruits en Syrie, que des civils sont massacrés quotidiennement par l’Islam radical, seul le yahoud, pardon, le « sioniste » suscite la haine de groupe avec une mention spéciale pour les travaillistes anglais, les campus américains et les réseaux sociaux, dans une commune attitude de déni de la part des « responsables ».

Des votes qui avaient mis des majorités de Juifs de notre pays en colère, nous en avons une certaine expérience. Aucun ne fut plus blessant que le soutien de la France à la résolution du Conseil exécutif de l’Unesco, qui outre une litanie d’accusations non documentées, déjudaïse le mont du Temple. La presse a glissé sur ce sujet : la palme revient à La Croix qui reprend les accusations sans signaler  l’islamisation des noms. Dommage que l’on n’ait pas prévenu le pape Jean Paul II qu’il venait non pas sur l’esplanade du Kotel, mais sur la place Al Buraq et qu’il fallait changer le nom du destinataire du papier qu’il allait déposer dans les interstices du….mur d’accroche pour la jument du Prophète.

Le silence des chrétiens devant un texte qui nie leur propre histoire est stupéfiant. Est-ce la peur de l’islamophobie ou estiment-ils, comme probablement nos responsables diplomatiques, que la vérité des mots importe peu devant la realpolitik ?…Mais la faiblesse déplace le curseur des exigences et n’apporte jamais l’apaisement. La résolution de l’Unesco n’a qu’un but : montrer que les Juifs n’ont aucun droit sur la vieille ville de Jérusalem. Rencontrant  Mahmoud Abbas en 2010, je lui avais dit que j’étais abasourdi de ce que son ministre de la culture eût déclaré quelques jours auparavant que les Juifs n’avaient historiquement rien à voir avec Jérusalem. J’étais sûr qu’il allait rectifier, tant l’assertion était surréaliste. Il a esquivé. J’ai compris. Mais jamais je n’aurais pensé qu’un jour ce serait le tour de la France. Et voilà que le Président de la République, tombé par complaisance dans le piège, ne comprend pas que le soutien de la France à une motion négationniste n’est pas qu’une simple ambiguïté d’expression, mais une gifle envers ses concitoyens juifs.

Richard Prasquier

Président du Keren Hayessod France

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