Actualité juive – 13 juillet 2023

Aux émeutes après la mort de Nahel Merzouk, chacun a réagi  selon sa grille de lecture émotionnelle. Pour les Français juifs qui savent comme l’Israélophobie et la judéophobie sont courantes, ils  ont vu certains établissements commerciaux juifs saccagés de façon prioritaire, des slogans intolérables  et  des agressions contre des Juifs peut-être liées au mouvement. Cependant, les institutions n’ont pas été mises en danger et les dégradations sur le Mémorial  de Nanterre traduisent surtout  la haine de la France. L’antisémitisme n’a pas dominé les émeutes; peut-être est-ce lié au fait que les connexions géographiques entre musulmans et Juifs se sont réduites….

Il y a le drame d’un jeune de 17 ans tué par un policier et les émeutes qui ont suivi. Justifier la seconde affaire comme une réaction à la première et y réagir en minimisant la première sont deux façons de nier la réalité.

Deux motards pourchassent  une Mercédès classe A conduite par un jeune roulant à vive allure sur une voie réservée aux bus: la course poursuite en ville va durer 1/4 d’heure , avec  des feux rouges grillés et la voiture ne s’arrête que bloquée par un embouteillage. Le caractère intolérable d’un rodéo qui aurait pu entrainer la mort de passants a été oblitéré, comme l’ont été les conditions dans lesquelles un garçon sans ressources et sans permis conduit une Mercédès. On apprend avec stupeur que l’immatriculation polonaise traduit un processus connu de location à bas prix, sans contrôle d’assurance ou d’origine des fonds et interdisant (on n’est pas en zone euro!) toute sanction aux infractions du code de la route: une énorme prime aux chauffards et aux trafiquants..

La video du tir a été commentée par les plus hautes autorités de l’Etat, ce qui est exceptionnel, à charge contre le policier, ce qui l’est encore plus, mais seule  l’enquête déterminera si  celui-ci a agi de façon préméditée et s’il pouvait penser que les occupants de la voiture allaient perpétrer dans leur fuite des atteintes à la vie des policiers ou à celles d’autrui, puisque c’est le texte de la loi de février 2017.

Cette loi Cazeneuve étendait les conditions d’usage de leur arme par les forces de l’ordre. Certains syndicats policiers ont parlé de « cadeau empoisonné » en raison d’un flou d’interprétation possible sur la légitimité des tirs. De fait, les décès lors d’interventions policières ont été multipliés par 5 et la responsabilité des policiers a souvent été mise en cause. La France détient un record dans l’Union européenne; les ONG telles LDH, Amnesty International ou le Commissariat aux Droits de l’Homme  pointent la France et sa police. L’Iran et l’Algérie, ces contre modèles absolus, se délectent à la traiter de raciste, mais il ne faut pas mettre les bavures policières sous le tapis. Cependant, pourquoi y a-t-il 25 000 refus d’obtempérer par an, bien plus que dans tout autre pays européen? Résumer la situation par le slogan « la police tue », comme l’a scandaleusement écrit Mélenchon, ne s’explique que par la volonté acharnée du tribun de l’ultra-gauche d’amener Marine Le Pen au pouvoir.

La mort de Nahel est un drame, mais il ne faut pas faire du jeune homme un ange. Son palmarès est éloquent: pas d’inscription au casier mais quinze mentions au fichier des antécédents judiciaires, du refus d’obtempérer au trafic de drogues. Tout cela, dans une culture à la mode, signifie qu’il était victime d’une société raciste et oppressive. Quant aux parents, on peut être surpris de voir la mère de Nahel, coachée par Mme Assa Traoré, vociférer sur son char, mais les mères font le plus souvent ce qu’elles peuvent,  dans des foyers que le père a désertés.

On imagine les sentiments des policiers qui amènent au juge un mineur attrapé avec difficulté qui va sortir dans les heures qui suivent. Derrière l’impuissance de la justice  il y a l’impuissance de la société et deux générations de déni, de négligences éducatives, de paroles verbales (« nous ne laisserons rien passer!… »), de remords post-colonial, de clientélisme électoral et de résignation hypocrite à un séparatisme territorial. Les « quartiers », qui n’ont d’ailleurs pas tous plongé dans l’émeute, sont  dopés au ressentiment et aux allocations sociales. 

 « Ici, c’est chez nous », lit-on sur certains murs de cités: c’est le bras de fer qui s’y joue. Pour les dealers, la mise en examen du policier pour homicide représente l’espoir que les forces de l’ordre les dérangeront moins dans leur trafic, mais la révolte entame la bonne marche du business. Ont-ils sifflé la fin de la recréation?

Les entrepreneurs de haine manipulent des adolescents biberonnés aux jeux video, nivelés par l’entre-soi des réseaux sociaux et vivant dans une réalité virtuelle où ils se voient comme victimes d’ennemis à détruire, qui portent le nom de France et très souvent d’Israel….

Les très jeunes qui forment les bataillons de casseurs sont désormais les enfants des enfants des Territoires perdus de la République, citoyens parfois depuis trois générations et cultivant la haine de la France. Un désastre! Les idiots utiles restent dans le déni et déforment une phrase de Bruno Retailleau comme ils ont déformé une phrase de Georges Bensoussan, mais ce déni rencontre désormais une exaspération qui fait malheureusement le lit de l’extrême droite. 

Les mots de laïcité et de République n’en peuvent plus de ne servir que de mantras incantatoires, et la soumission intellectuelle associée au laisser aller matériel ne peuvent que préluder à d’autres crises encore plus graves.

Dr Richard Prasquier

Président d’honneur du Keren Hayessod France

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